900 000 avortements en 1914 ?
Aucune rubrique de faits divers n'est mieux fournie, à partir de la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1914, que celle relative à la découverte de cadavres d'enfants nouveau-nés : Le Journal - l'un des quotidiens les plus lus dans les milieux populaires de la capitale - a même ouvert une colonne spéciale intitulée « Mères coupables ». On y relate scrupuleusement les macabres trouvailles faites à Paris dans les terrains vagues, les égouts, les vespasiennes, et parfois même les voitures du métro.
En dépit des vaticinations de certains moralistes, il semble que l'avortement, au XIXe siècle, soit une pratique désormais entrée dans les mœurs, au moins dans les villes. La plupart des journaux de grande diffusion contiennent des annonces selon lesquelles des sages-femmes de première classe s'offrent à supprimer les « retards » et proposent de recevoir des pensionnaires assurées d'une discrétion absolue.