Calvin fait régner l'ordre moral à Genève
De nombreuses villes imposèrent à leurs habitants un ordre disciplinaire fondé sur la religion. La Genève de Calvin, au XVIe siècle, reste un cas unique : nulle part le contrôle des moeurs ne fut aussi sévère !
La Genève de Calvin est souvent présentée comme un modèle de rigorisme, un lieu où, au XVIe siècle, la population était soumise à une étroite surveillance des moeurs. S'agit-il d'un moment exceptionnel ou d'un mythe ? S'agit-il d'un cas exemplaire, peut-être unique, de théocratie*, c'est-à-dire d'une cité dirigée par les religieux et au service d'un idéal religieux ? Il convient d'interroger cette image, celle d'un petit État-cité érigé au rang de capitale d'un mouvement religieux - la « Rome protestante » - et qui a représenté pour ses partisans comme pour ses adversaires l'incarnation même du calvinisme1.
C'est en effet à Genève que le Français Jean Calvin s'installe définitivement en 1541, après un premier passage dans cette ville et des séjours à Bâle et à Strasbourg. C'est là qu'il va s'attacher, jusqu'à sa mort en 1564, à mettre en pratique la doctrine religieuse qu'il a élaborée, et qui est fortement inspirée par la Réforme de Luther.