Europe, deuxième grand
Elle est lente, difficile, imparfaite. La construction européenne n'en semble pas moins, aujourd'hui, inéluctable. Au point que l'Europe apparaît bien, près de dix ans après l'effondrement de l'Union soviétique, comme le deuxième « grand » sur la scène internationale.
Que l'on puisse, en cette fin de siècle, à l'heure des bilans, s'interroger sur l'Europe comme acteur des relations internationales constitue, en soi, une surprise. En effet, le xx' siècle a d'abord été pour les nations qui la composent celui de l'effondrement. Juillet 1914 a sonné le glas de la prééminence mondiale des pays phares du continent, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France. Certes, après quatre années de guerre et malgré l'apparition de nouveaux acteurs sur la scène internationale, dont en premier lieu les États-Unis d'Amérique, ces vieilles nations ont essayé de retrouver leur place et refusé d'abdiquer toute ambition. D'ailleurs, dans les années 1920, profitant de l'isolationnisme américain, structurant leurs empires (pour ce qui concerne la France et la Grande-Bretagne), restaurant leurs économies, elles ont subordonné leurs politiques à ce désir de retrouver leur prééminence perdue.
EN 1945, LE VIEUX CONTINENT N'EXISTE PLUS