Le spectre de la décadence
L'enlisement en Irak a démontré les limites de la puissance des États-Unis au moment où la Chine poursuit sa fulgurante ascension économique. Faut-il pour autant parler du déclin de l'empire américain ? Entretien avec Philip Golub
L'Histoire : On parle à nouveau aujourd'hui de « déclin de l'empire américain ». Est-ce un discours ou une réalité ?
Philip Golub : Le concept pose problème. On y insiste beaucoup aujourd'hui : on ne peut pas réduire l'empire à sa seule dimension territoriale. L'Empire britannique ne se limitait pas aux vastes territoires directement administrés par Londres1. Il s'étendait bien au-delà du fait de la domination économique et financière, de la division internationale du travail et de la nature inégalitaire des échanges internationaux.