Les étrangers sont-ils des électeurs comme les autres ?
Voici plus de trente ans que se pose la question du droit de vote des étrangers, nous rappelle Yvan Gastaut qui vient de publier une étude complète sur le sujet*. La proposition était déjà inscrite dans le programme présidentiel de François Mitterrand en 1981.
L'idée de permettre aux immigrés de participer à la vie politique locale jaillit dans l'effervescence du mouvement de Mai-68. Les premières formes d'association d'étrangers à la gestion communale apparaissent à l'issue des élections municipales de 1971. Plusieurs maires de gauche forment alors des commissions consultatives composées de travailleurs étrangers. A La Rochelle, Grenoble, Roubaix, Gennevilliers par exemple, ces commissions recueil- lent réflexions et doléances qu'elles exposent ensuite devant le conseil municipal. Celui-ci suspend ses séances pour permettre aux représentants immigrés de prendre la parole.
Au cours des années 1980, une centaine de communes de plus de 50 000 habitants sont dotées de ces commissions consultatives. Mais ces initiatives disparaissent à l'approche des élections municipales de 1983.