Les folles traversées des fanas du Channel
Qui sont les fanas du «Channel»? Les vacanciers? Ceux qui font la traversée sous prétexte que le cachemire ou le pack de bière est moins cher de l'autre côté du Détroit ? Non, ici il s'agit des mordus qui franchissent la Manche comme d'autres font le «Paris Dakar». Les Britanniques, qui les avaient jusque-là accueillis avec humour, commencent à manifester un certain agacement.
Depuis bientôt deux siècles qu'ils explorent de conserve les moyens de franchir la Manche autrement qu'en bateau, on peut se demander à qui - des inventeurs débiles ou des mordus de l'exploit individuel - revient la palme du projet le plus loufoque. De fait, les ingénieurs du génie civil ont échafaudé certains schémas de liaison trans-Manche, presque aussi délirants que l'isthme pavé de bouchons de Champagne ou que le système de balançoires imaginé par l'humoriste Alphonse Allais. La Manche constitue le cimetière marin d'inventions avortées, comme la locomotive amphibie, le pont suspendu à des ballons captifs, ou le tunnel congelé liquéfiable à volonté (cf. L'Histoire n° 106, p. 52). Elle a également servi de banc d'essai à toute une théorie de traverseurs qui se sont mis en tête de passer le Détroit, à pied, à cheval ou en voiture, sans préjudice d'autres moyens de locomotion qui relèvent parfois du pari stupide.