
Récit d'un fiasco

Arnhem. La dernière victoire allemande, Antony Beevor Calmann-Lévy, 2018, 608 p., 26,50 E.
Lancée en septembre 1944 aux Pays-Bas, l'opération Market Garden a tourné au désastre, flétrissant la gloire, déjà ternie par la campagne de Normandie, de Montgomery. Non sans raisons. Le vainqueur d'El Alamein entendait prendre les ponts d'Arnhem et de Nimègue, une tâche confiée aux forces aéroportées, tandis que les troupes du XXXe corps marcheraient à leur rencontre. Grâce à ce succès, Monty espérait isoler la XVe armée allemande et se trouver en capacité d'encercler la Ruhr à partir du nord. Il deviendrait ainsi le principal artisan de la victoire, ce qui priverait Patton et Bradley de leurs lauriers.
Mais ces grandes espérances furent déçues. Si le largage des troupes se déroula convenablement, les Allemands réagirent prestement, leur menant la vie rude, tandis que les hommes de Horrocks, cantonnés à 103 kilomètres d'Arnhem, piétinèrent, ne pouvant dès lors secourir leurs frères d'armes. Un échec prévisible. Car si Monty incrimina le mauvais temps, c'est son plan, mal conçu, qui était, d'emblée, voué à l'échec. Avec son talent coutumier, l'historien britannique Antony Beevor retrace ce fiasco, en donnant la parole aux acteurs, petits ou grands. Au risque de privilégier le récit vivant et informé sur la synthèse. Un opus qui réjouira les amateurs d'une histoire militaire à l'ancienne.